Dehors, je retrouve mes sensations dans le mouvement de mon esprit, je suis au centre de Port-Boyer, je prends l’air, j’ai froid, je suis sur un banc, j’inspire, une odeur agréable, le soir, les cheminées qui fument, j’expire, je me sens solide dans ce corps qui pourtant me fait souffrir, avec l’arthrose, j’aime la fraîcheur du vent de l’hiver sur mes joues, je suis bien couverte, je respire l’air de la montagne, j’ai été en Ardèche, cet été, à 800 kilomètres de Nantes, un été joyeux, je voudrais y rester tout ma vie, pour le moment à Nantes je sens le parfum d’une belle fleur avec une odeur idéale pour les huiles essentielles, pour le moment j’espère voir l’eau calme, je ne me baigne pas, j’ai peur de l’eau, la piscine, les plages, les rivières, l’eau en dessous des ponts, quand je suis dans un bateau, l’eau m’attire, je me sens bien dans l’eau quand je n’y mets que les pieds , j’attends des choses importantes, de me sentir en liberté, je regarde les feuilles mortes voler, je vois les grandes tours, je suis assise sur un banc en face du club ado, il y a trois étudiants qui font des photos pour les espaces verts de Nantes Métropole, je suis bien installée, il y a une personne qui m’insulte mais je fais attention à garder mon calme, avec mon caractère, je dis rien, j’achète des fleurs de toutes les couleurs, qui restent une semaine dans l’eau avec un cachet de javel, j’inspire, je me sens libre car j’ai payé ma dette envers la justice, je respire la vie pleine d’odeurs dans les espaces de Port-Boyer, j’ai le plaisir de rester deux heures avec un livre, je regarde les enfants qui jouent dans le bac à sable avec les jeux de bois, j’ai le plaisir de les regarder car ils sont bien vivants, il y a des enfants dans des fauteuils roulants qui n’ont pas la possibilité de jouer avec eux.
CL P.
TENIR JOURNAL 